Rapport de la Présidente

Rapport de Lorédana Cicci, Présidente de l'Internationale Humaniste, lors du deuxième congrès, le 4 octobre 1993, à Moscou, en Russie.

Le 7 janvier 1989 nous avons célébré le 1er Congrès de l'Internationale Humaniste. Le processus qui avait débuté en 1984 par la formation des premiers partis humanistes s'est conclu par cet événement au cours duquel ont été approuvés les documents de fondation de l'Internationale Humaniste.

Cette année-là, l'opinion publique et les cercles politiques se polarisaient sur les changements qui commençaient à se produire en Europe de l'Est, et principalement en URSS, au travers de la Pérestroïka et de la politique de la transparence.

Considérant les avancées positives dues à cette véritable révolution des mentalités et des structures liées à la rupture de "l'équilibre" mondial, basé sur un équilibre de puissance de guerre, aux mains des deux blocs divisant le monde depuis la deuxième guerre mondiale, l'Internationale a elle aussi porté son attention sur la chaîne des événements qui se sont produits dans les pays dits socialistes d'Europe de l'Est et qui ont eu d'importantes répercussions sur toute la planète.

Une fois conclus les travaux du premier congrès, une délégation de l'Internationale a parcouru différents pays de l'Est, dont la Yougoslavie, la Hongrie et la Russie, rencontrant de nombreux représentants des forces politiques et syndicales, d'institutions publiques des domaines culturel, économique et social, afin d'échanger sur le processus de transformation et ses perspectives possibles dans une direction humaniste.

Auparavant, une délégation des représentants des Partis Humanistes argentin, chilien, italien et espagnol en janvier 1987 s'était rendue en Yougoslavie. Invités par le gouvernement yougoslave, les humanistes furent reçus à Belgrade et outre les Autorités Gouvernementales et l'Alliance Socialiste, ils rencontrèrent des organismes d'autogestion, des instituts de l'université et des organisations syndicales.

Le principal intérêt de ces rencontres fut d'étudier de plus près le fonctionnement d'une économie basée sur l'organisation coopérative, ses avantages, ses inconvénients et ses perspectives.

Ainsi les premiers liens avec l'URSS et les idéologues de la Pérestroïka s'étaient établis depuis l'Argentine avec Yvan Frolov, membre de l'Académie des Sciences d'URSS et par la suite Directeur de l'Institut de l'Homme et directeur de la Pravda. Ultérieurement, des membres du Comité de Solidarité avec les Peuples d'Amérique Latine ont pris contact à deux occasions avec le Parti humaniste chilien. Lors de la seconde, ils invitèrent deux de ses membres à participer en novembre 1990 à une série de réunions avec des personnalités politiques et sociales d'URSS et projetèrent une rencontre d'échange avec des membres de l'Internationale Humaniste.

C'est ainsi qu'en avril 1991, 12 membres de l'Internationale, de différents pays (Chili, Argentine, Italie, Canada, Pérou, Angleterre, Espagne, etc.) ont participé à un séminaire à Moscou. L'intérêt éveillé par les différents thèmes autour des aspects théoriques et pratiques de l'humanisme produisit un échange fécond entre les humanistes de la délégation et les académiciens et scientifiques qui participaient au séminaire.

A partir des relations qui s'étaient établies à cette occasion, s'est fomenté la création en mai 1991 du Club Humaniste de Moscou, à l'instigation de Boris Koval et d'autres collaborateurs de l'Institut de Politologie ainsi que d'Emile Dabaguian, de l'Institut d'Amérique Latine de l'Académie des Sciences de Russie.

En juin 1992 une délégation de l'Internationale composée de représentants d'Espagne, Italie, Argentine, France, Canada et Chili, a accompagné le fondateur du Mouvement Humaniste pour participer à Moscou au séminaire international "Crise de la civilisation et alternative humaniste" et eut ainsi l'opportunité de renforcer les liens avec le Club Humaniste de Moscou et d'échanger sur les différents aspects de l'humanisme, au cours de nombreuses rencontres à l'Institut de philosophie de l'Académie des Sciences, à la Fondation Gorbatchev, à l'Académie Humaniste des Forces Armées, à la revue Amérique Latine, etc.

L'accélération du processus social et politique sous toutes les latitudes et les perspectives d'actions en découlant qui s'ouvraient pour les partis humanistes rendit évidente la nécessité de convoquer le second congrès de l'Internationale Humaniste, considérant que Moscou était le lieu le plus approprié pour sa réalisation.

C'est ainsi que se sont réunies à Moscou en novembre de la même année et dans ce même lieu, des délégations de 16 pays pour une conférence préparatoire au Congrès, organisée avec l'appui du Club Humaniste de Moscou.
Les travaux réalisés lors de cette conférence, ont posé les bases pour notre travail d'aujourd'hui et ont, en outre, renforcé les relations entre les partis et les associations participant.

Une réunion du Comité organisateur s'est déroulée à Buenos Aires en janvier 1993, et à cette occasion le Général Nikita Chaldimov, de l'Académie Humanitaire des Forces Armées de Russie, a donné une conférence au sujet de l'humanisation de FFAA.

Chaldimov a organisé une conférence internationale sur le même thème à Moscou, en mai 1993, à laquelle a également participé une délégation de l'Internationale Humaniste, et présenté un rapport sur : "La nécessité d'une position humaniste dans les Forces Armées contemporaines".

Bien que l'attention portée au processus de l'Europe de l'Est ait caractérisé l'activité de l'Internationale durant ces quatre dernières années, il faut mentionner d'autres initiatives qui se sont développées dans le même temps.

Après le premier Congrès, l'Internationale en janvier 1989 a établi les premiers contacts avec le Parti des Travailleurs du Brésil.

La même année, le Président de l'Internationale a voyagé au Paraguay pour négocier la libération de prisonniers politiques.

En janvier 1991, une délégation de l'Internationale lors d'une visite à Santiago du Chili, s'est réunie avec le Président Aylwin pour échanger sur les perspectives du marché commun latino-américain et la situation des droits de l'homme dans cette région.

Lors d'une visite ultérieure au Chili en avril de cette même année, la présence de l'Internationale a appelé l'attention de la presse nationale à lors d'une conférence de presse sur la situation des partis politiques en Europe et à lors de nombreuses entrevues.

L'activité de l'Internationale va sans aucun doute s'intensifier et s'organiser au niveau régional. Déjà, en effet, le Parti humaniste argentin s'est intégré au Forum de Sao Paulo (auquel ont participé des organisations politiques d'Amérique Latine et des Caraïbes) lors de sa quatrième réunion qui s'est déroulée à La Havane du 21 au 24 juillet de cette année.

Les années qui nous séparent de notre premier congrès ont été des années de forts changements dans tous les aspects de la vie sociale, en une alternance d'explosions de conflits violents et d'actions positives vers le désarmement, la paix et la coopération entre les peuples.

Les rapports des délégations qui ont participé hier à une réunion informelle coïncident pour souligner une crise sociale et politique profonde dans tous les pays quels que soient la zone géographique, le système politique, et le niveau dit "de développement" où ils se trouvent.

L'échec du socialisme réel ainsi que l'échec du capitalisme triomphant a ont ajouté de la confusion idéologique à la crise des partis politiques traditionnels, qui ne représentent plus ni le peuple, ni les intérêts nationaux, ni une classe sociale, puisque ces concepts ont profondément changé.

Dans cette situation de confusion et d'instabilité le réveil de forces humanistes, pouvant donner des références avec des positions claires et une action permanente, devient possible et nécessaire.

Dans cette perspective l'Internationale Humaniste peut remplir son rôle actif de présence et de stimulation dans tous les pays. Le travail de ce IIè Congrès est de détecter des mécanismes et prendre des résolutions qui permettront de passer à cette nouvelle étape.