La Pauvreté
contribution française au Livre orange européen
Les humanistes
considèrent que la pauvreté n'a pas sa place dans une société
pleinement humaine, une société véritablement au service
de l'être humain. Ils sont en total désaccord avec la vision
naturaliste de l'être humain qui a cours actuellement et qui engendre
le fatalisme : " il y a toujours eu des pauvres et il y en aura toujours
". Il faut donc trouver une voie pour permettre à chacun d'être
à nouveau acteur de sa vie sociale et personnelle. Pour cela, la société
doit être prête à garantir à tous l'accès
aux droits fondamentaux.
Pour cela, il convient de répondre
à trois questions :
– Pourquoi la pauvreté existe-t-elle aujourd'hui ?
– Quelles sont les mesures qui maintiennent cet état de fait ?
– Quels moyens se donner pour résoudre le problème de la pauvreté ?
Pour les humanistes, l'objectif
« pauvreté zéro » doit devenir une priorité absolue
qui passe par l'application réelle de la Déclaration
Universelle des droits de l'homme de 1948.
1– Pourquoi la pauvreté
existe-t-elle aujourd'hui ?
Après
la guerre de 1945, les citoyens donnent carte blanche à l'Etat. La
reconstruction s'amorce. L'Etat relance l'industrie. Tout un système
va se monter autour de l'emploi.
Pour cette période, on
peut définir les points suivants :
l'identité de l'homme est associée à sa capacité
à travailler et à consommer ;
le lien social est lié au travail ;
on assiste à la perte de l'autosuffisance et des solidarités
primaires ;
le catégoriel (défense des catégories) syndicats... se
développe ;
on est dans une logique d'institutionnalisation ;
on sent la perte de la notion de territoire (plus d'appropriation, d'appartenance) ;
des mesures d'assistanat sont créées en direction de quelques
populations fragiles (chômeurs, immigrés, handicapés
).
A
la fin de la période des Trente Glorieuses (fin des années 1970),
vient la période de crise économique, sociale et culturelle.
Le système basé sur le plein emploi ne tient plus, et tout se
dégrade. L'État réagit en démarrant un processus
de décentralisation. La population se retourne vers les mairies. L'éclatement
de la société provoque de la concurrence entre les pauvres.
La compétition s'accentue dans le monde du travail, en milieu scolaire...
A
partir de 1981, L'État tente d'instituer un nouveau système
en s'intéressant au développement sur des petits espaces territoriaux
(discours de Michel Rocard à l'Assemblée nationale en 1981).
L'erreur a été d'institutionnaliser. Ce programme s'est confronté
à des résistances politiques (les courants politiques ont bloqué
la démarche). Trop de pouvoir a été donné aux
maires. Trop d'argent a été déversé sans aucune
méthode de gestion (sans aucune préparation).
Aujourd'hui,
en France, on peut estimer à 10 millions le nombre de personnes en
situation de précarité. Les remises en question constantes des
droits acquis de ces dernières décennies contribuent à
son augmentation. Le système d'aide sociale s'est considérablement
développé dans les années 80 suite au constat d'échec
de l'objectif de "plein emploi", postulat initial depuis la 2ème
guerre mondiale. L'aide aux personnes en difficulté s'est peu à
peu transformée en assistanat.
Quelques exemples de la situation
de pauvreté en France :
3,5 millions de sans emploi
+ 2,5 millions de personnes en emploi précaire = 6 millions, soit 23 %
de la population active sans compter l'entourage des ces personnes qui subit
aussi les conséquences de ces situations (conjoints, enfants, etc).
En 1997 :
- 1,2 millions de chômeurs longue durée,
- 300 000 SDF,
- 100 000 ménages surendettés (soit 400 000 personnes touchées),
- 15 millions de personnes vivant en HLM,
- 40 % des familles pauvres sautant plusieurs repas par semaine.
Tous
les pays camouflent leurs statistiques concernant la pauvreté ou ne
chiffrent même pas les réalités du terrain. Par exemple,
la prolifération des formes d'aide alimentaire, c'est-à-dire
des distributions gratuites de produits de toute première nécessité,
est un signe tangible de l'extension du phénomène de pauvreté.
Il faut également prendre en compte le cumul d'inégalités
pour certaines populations (espérance de vie de 82 ans chez les cadres
contre 67 ans chez les ouvriers).
2– Quelles sont les mesures
qui maintiennent cet état de fait ?
A. Structure de l'aide sociale en France
1) Organismes nationaux
CAF : allocations familiales, maternité, aide au logement
FAS : aide aux familles migrantes, intégration
COTOREP : aide aux handicapés
2) Organismes décentralisés
Dispositifs nationaux : DDASS (service d'assistants sociaux, de puériculture,
d'éducateurs spécialisés, de protection de l'enfance
).
UREIL (Union Régionale des entreprises d'insertion
) : réadaptation
à la vie active, prise en compte globale de la personne.
Dispositifs intercommunaux : PLI (Plan Local d'Insertion), CLI (Contrat Local
d'Insertion), Contrats locaux d'insertion pour le logement des jeunes.
Dispositifs communaux : CCAS (Centres communaux d'action sociale : RMI, assistants
sociaux, aide scolaire à l'enfance
), Conférence communale,
CCPD (Comité communal de prévention délinquance).
3) ONG : Elles agissent
mandatées par les différents organismes d'état.
Les dispositifs actuels :
Ces structures sont lourdes et marquées par de nombreux dysfonctionnements :
Les administrations changent
leurs objectifs régulièrement, non pas en fonction des nécessités
du terrain mais pour des stratégies politiques et économiques.
Ces organismes agissent
avec des droits et des devoirs. La population a peur du contrôle : le
système agit en fonction des objectifs sociaux et économiques
et non en fonction des priorités de l'être humain.
Il n'existe pas de concertation
locale entre les différents organismes afin de travailler ensemble,
chacun travaille pour "sa boutique", ses objectifs particuliers.
La
France dispose de beaucoup d'outils mais ceux-ci sont exploités dans
une vision humanitaire des problèmes : une vision à court terme.
Il n'existe pas de volonté d'éradiquer la pauvreté.
Ce cercle vicieux d'assistanat a pour conséquence l'institutionnalisation
de la pauvreté. Des classes stigmatisées ont été
créées (RMIstes, chômeurs, SDF
), ainsi qu'un statut
permanent de marginalisation. Cet état de fait génère
l'inertie et le non-sens dans la vie des gens.
Ce phénomène est renforcé par les mesures de 1998.
B. Description de la loi contre
l'exclusion de juillet 1998 (principales mesures) :
Emploi
Programme Trace (accompagnement
personnalisé à l'emploi pour les jeunes)
CES cumulables avec un emploi
(maxi mi-temps) et prestations sociales
Représentation des
demandeurs d'emploi dans les différentes instances : ANPE, AFPA
Logement
Création d'une taxe
sur les logements vacants
Réforme des attributions
de logements sociaux : plus de transparence et égalité des chances
Réquisition élargie
Allocation logement même
pour les sous locataires
Santé
Cellules de précarité
dans les hôpitaux
Couverture Maladie Universelle
Prévenir les exclusions
Surendettement :
- Rééchelonner
les dettes (5 à 8 ans)
- En cas d'insolvabilité notoire, possibilité d'un moratoire
(1 à 3 ans) voire effacement des dettes à la fin du moratoire
- Empêcher que la multiplication de chèques sur un compte non
approvisionné n'entraîne des frais excessifs.
Citoyenneté :
- Délivrance
de Carte Nationale d'Identité exonérée du droit de timbre
pour les SDF dont les ressources ne dépassent pas le RMI
- Droit de vote et accès à l'aide juridictionnelle facilitée
par la domiciliation des SDF dans des organismes agréés
Garantie des moyens d'existence
fondamentaux :
- ASS et Allocation
d'insertion sont désormais indexées sur la hausse des prix et
sont insaisissables
- Prestations familiales et de maladie sont insaisissables
- Création du chèque d'accompagnement personnalisé :
couvre les premières nécessités mais aussi les moyens
de transports, l'accès à la culture
- Les familles en situation de précarité peuvent obtenir des
aides pour l'énergie, l'eau, le téléphone
Education :
- Lutte contre l'illettrisme :
priorité nationale, éducation permanente
- Bourses nationales de collèges rétablies au lieu des aides
ponctuelles (allocation rentrée scolaire
)
Travail social :
- Reconnaissance des
boutiques solidarité, SAMU social
- Elargissement des missions des centres d'hébergement
- Aide financière spécifique pour la formation des travailleurs
sociaux
- Création d'un Observatoire National de la pauvreté et de l'exclusion
- Commissions départementales de l'action sociale d 'urgence afin de
coordonner les différents dispositifs allouant des aides financières
aux personnes en difficulté
L'ensemble
de ces dispositions institutionnelles participent à l'asservissement
des personnes en situation difficile en les rendant encore plus dépendantes
de ces organismes. Elles officialisent et renforcent l'état de pauvreté
et de dépendance de ces nouvelles classes sociales. De ce fait, elles
ne répondent pas à l'objectif essentiel d'éradiquer la
pauvreté.
3– Quels moyens se donner
pour résoudre le problème de la pauvreté ?
La
société a actuellement tous les moyens de donner à chaque
être humain des conditions d'existence en accord avec les droits de
l'homme de 1948.
L'objectif
"pauvreté zéro" implique un changement radical de
priorité dans la répartition des ressources :
Nouvelle répartition
et redistribution du budget de l'état :
La lutte contre la pauvreté devient priorité absolue et
l'être humain au cur des préoccupations. En conséquence,
les budgets de l'éducation, de la santé, de la qualité
de la vie (logement, recherche, environnement, collectivités locales
)
deviennent prioritaires.
1- Un revenu d'existence :
Il couvre les besoins d'un être humain défini par la déclaration
des droits de l'homme de 1948 (cf. "économie").
2- Favoriser le développement de l'activité des entreprises :
- Développement
de la recherche au service de l'être humain.
- Nouvelle répartition de la force de travail : la main d'uvre
devient moins chère grâce au revenu d'existence. Par conséquent,
les entreprises peuvent s'installer sur le territoire (dans les conditions
du chapitre "économie").
3- L'aide sociale se convertit
en accompagnement
Éducation, accompagnement
et non assistanat (cf "Éducation").
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